Si j'étais tyran: la dictature libertaire

Publié le par Rémora

Comme je suis encore et toujours le maître divin et vénéré de notre pauvre pays malade, je vais continuer mes réformes populaires et amoureuses de ce bon peuple, intelligent et responsable. Il veut de la responsabilité, je la lui donne volonté : aujourd’hui, je vais imposer, partout et pour tous, par la force si nécessaire, la liberté que tout le monde réclame. Comme d’habitude, je resterai, évidemment, la seule exception, parce que je reste et demeure fondamentalement sacré.

 

Les rues, les routes et les administrations m’appartiennent, les gens sont désormais libres de les emprunter, mais ils doivent se tenir à carreau : ils n’y sont pas chez eux. Par contre, chacun est libre de se comporter comme il veut dans l’enceinte des terrains qui ont été reconnus comme lui appartenant, et dans cette enceinte seulement. Il peut construire les bâtiments qu’il veut, s’adonner aux dérives sexuelles et criminelles de son choix (selon la loi que chacun étant libre, la seule liberté qu’on a pas est celle d’entraver ou de violer celle des autres). Si je veux construire un palais d’or chez moi, aucun voisin ne pourra jamais s’y opposer, car sa terre est à côté de la mienne… Donc ce n’est pas la sienne et qu’il aille se faire foutre.

 

Chacun est libre de créer tous les groupes, entreprises, associations, cultes, partis qu’il souhaite et peut défendre les idées, les loisirs, les sports, les activités, les déviances, les propos racistes qu’il souhaite. De toutes façon s’enrichir est illégal, puisque j’ai déjà instauré le salaire universel ici, et je rappelle qu’il s’agit d’une somme totale, donc travailler en dehors de ses heures de travail, c’est tout simplement réduire son salaire horaire. Evidemment, les associations visant à remettre en question le Suprême Saint que je suis sont les seules illégales.

 

Chacun est libre de dire ce qu’il veut, où il veut, à qui il veut. Ce qui implique que chacun est libre de mentir, de conspirer, de manipuler et de corrompre les pensées des autres. A ses risques et périls.

 

Et d’autres libertés encore insoupçonnées que je donne à tous.

 

Et à mes détracteurs, je sourirai. Ils hurleront, réclameront la restauration des lois dures et cruelles d’antan, la chute de l’Ennemi libéral-libertaire, la restauration de l’obligation pour tous de se soumettre, de se comporter selon les lois morales en vigueur, etc. Bref, encore une fois, ils opposeront liberté et esclavage sans comprendre l’essentiel.

 

Toute action a des conséquences, toute liberté implique des responsabilités. Les individus responsables useront bien de leur liberté, les individus irresponsables se feront marcher sur les pieds, et fondamentalement ce sera de leur faute. Parce qu’ils étaient libres, et donc ils avaient le choix : le choix le plus précieux, celui que seule offre l’absolue liberté : celui de renoncer volontairement à sa liberté.

 

Je suis libre de ne pratiquer aucune religion si j’ai la liberté religieuse.

Je suis libre de ne rien construire sur mes terres si je peux en disposer librement.

Je suis libre de ne pas travailler si le travail est garanti pour tous.

Je suis libre d’être normal si je le droit d’être un monstre.

Je suis libre de me taire si la liberté d’expression m’est garantie.

Je suis libre de ne pas me plier à des décisions injustes si l’Etat garantit que les minorités ont le droit d’appliquer leurs propres décisions.

 

La liberté, c’est l’accomplissement ultime des peuples intelligents, dignes et sages. Pour les autres, il est trop tôt. Les peuples de débiles ne seront jamais libres.

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